Qu’elles soient récentes ou plus anciennes, les mosquées des villages du Haut Atlas ont autant souffert du tremblement de terre que les habitations. Avec les moyens du bord, les imams n’ont pourtant manqué aucun appel à la prière

Bismillah. Le séisme qui a frappé le Maroc, vendredi 8 septembre, n’a pas laissé beaucoup de bâtiments debout dans la région du Haut Atlas. Si, logiquement, ce sont les habitations traditionnelles aux murs de pierre qui ont le plus souffert, la secousse a fracassé d’autres infrastructures plus récentes, notamment des mosquées. Mais la résilience des villageois a fait que le culte ne s’est pas arrêté.
Après un périple de plusieurs heures depuis Agadir, nous avons pu rejoindre Tirknit dans la nuit de jeudi à vendredi. Ce village de 400 habitants est en quelque sorte la porte d’entrée vers le Haut Atlas depuis la région de Taroudant. A peine le moteur de la voiture arrêté, la voix du muezzin s’est fait entendre, forte et claire. Il était 4h50 du matin, nous étions au milieu d’un dour dévasté sans aucun minaret debout à l’horizon. Dès qu’il eut terminé sa prière au milieu de la route déserte, Icham, notre accompagnateur, a compris notre regard interrogateur : « Ils ont fait une mosquée provisoire dans une tente en contrebas de la route, parmi les autres tentes où s’abritent désormais les habitants de Tirknit », nous explique-t-il.
En tente, dehors, avec ou sans haut-parleur
Installer une mosquée de remplacement est l’une des premières tâches que les sinistrés ont mis un point d’honneur à boucler après le tremblement de terre. Et ceci, dans tous les dours, même les plus reculés. La mosquée d’Adebdi, dans les montagnes au-delà de Tirknit, n’a pas tenu le choc non plus. L’imam assure lui aussi le culte dans un local improvisé. Encore plus haut dans la montagne, à Tizirte, le minaret de la mosquée flambant neuve se voit de loin depuis la piste qui mène au village. Même de près, le bâtiment semble en bon état, comme s’il était le seul édifice du village à avoir été épargné.
« C’est de l’intérieur que l’on voit les dégâts », déplore un habitant qui nous fait entrer dans le lieu de culte. Dès la porte franchie, nul besoin d’être un expert pour savoir que la mosquée n’accueillera plus jamais aucun fidèle, une fissure impressionnante coupant le bâtiment en deux dans le sens de la largeur. Du coup, comme les femmes se sont arrangées pour la cuisine ou la lessive, les prêches se font désormais aussi à l’extérieur. Et à Tizirte, qui ne compte que 200 habitants, l’appel à la prière ne nécessite même pas de haut-parleur pour être entendu.
Source: 20 Minutes