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EN CAS DE CRISE, PEUT-ON VRAIMENT "COUPER" LES RÉSEAUX SOCIAUX EN FRANCE?

Emmanuel Macron a évoqué mardi de possibles blocages des réseaux sociaux pour limiter les émeutes. Mais une coupure de Snapchat ou de TikTok pourrait-elle avoir lieu en France?




Va-t-on assister à des coupures de certaines applications? C'est une solution évoquée par Emmanuel Macron devant les maires dont les villes ont été touchées par les récentes émeutes.

"Nous avons besoin d'avoir une réflexion sur l'usage des réseaux sociaux chez les plus jeunes. Et quand les choses s'emballent, il faut peut-être se mettre en situation de les réguler ou de les couper", a indiqué le président de la République ce 4 juillet.

Au cours des dernières nuits, les réseaux sociaux ont été particulièrement utilisés, notamment dans l'organisation des mouvements de révoltes suite à la mort du jeune Nahel. Si Snapchat assure "surveiller la situation", cela n'a pas empêché l'application - ainsi que TikTok - d'être reçue vendredi 30 juin au ministère de l'Intérieur. Mais les désirs du chef de l'Etat sont-ils réalisables?


"D'un point de vue technique, c'est parfaitement faisable", assure Raphaël Maunier, le cofondateur de Volterra, une startup spécialisée dans l'édition de logiciel de cybersécurité.

Des mesures facilement contournées


La solution la plus simple consiste à mettre en place un blocage DNS. Le DNS (Système de nom de domaine) est un outil utilisé par chaque smartphone ou ordinateur pour se connecter à un site en particulier. Si ce DNS était modifié pour y interdire l'accès à une liste d'adresses - par exemple celles de Facebook, Snapchat ou TikTok, l'utilisateur se retrouverait alors face à une page blanche.


Un tel blocage devrait en théorie être mis en place par les fournisseurs d'accès à internet (FAI), qui contrôlent la gestion de ces DNS. Mais ces méthodes sont faciles à contourner, notamment via l'utilisation d'un VPN. Beaucoup d'internautes falsifient leur localisation à l'aide de ce type de logiciels. En modifiant virtuellement son emplacement, il est ainsi possible d'éviter les principales mesures de blocage réalisées à l'échelle d'un pays.

"Certains opérateurs bloquent déjà des sites, mais toujours à la suite d'une décision de justice", pointe Alexandre Archambault, avocat spécialisé en droit numérique.

Surtout, l'avocat souligne qu'une coupure par DNS impacte l'intégralité d'un service. Or, il alerte sur la prise en compte des répercussions qui peuvent en découler. "Couper Facebook, c'est aussi couper la messagerie Messenger et rendre inaccessible les fonctions d'authentification à un site via un compte Facebook", indique alexandre Archambault.


Avec à la clé un potentiel chaos pour une partie du web français, qui pourrait inciter les fournisseurs d'accès à Internet à refuser de mettre en place une telle mesure, anticipe Alexandre Archambault.



Une autre solution consiste à demander directement aux réseaux sociaux de bloquer leur propre diffusion. Toute la difficulté de cette pratique est de justifier sa demande. Surtout, la tâche est complexifiée par l'implantation des entreprises en Europe. La plupart étant basés en Irlande, les demandes françaises pourraient rester lettre morte.

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