Selon un rapport de l’ONU, l'« héritage de l’esclavage (…) se répand dans l’ensemble des forces de l’ordre et du système judiciaire » américains

Le constat est alarmant. Selon une équipe d’experts de l’ONU, un « racisme systémique » envers la communauté noire contamine les systèmes policiers et judiciaires américains. Pendant 12 jours, cette équipe créée après la mort en 2020 de George Floyd, a rencontré en avril et mai des victimes, représentants de la société civile, du système judiciaire, syndicats de policiers, responsables fédéraux ou locaux, à Washington, Atlanta, Los Angeles, Chicago, Minneapolis et New York.
Des témoignages « bouleversants »
Le rapport, envoyé ce jeudi aux médias, souligne le « racisme systémique et profondément ancré » envers la communauté noire aux Etats-Unis et affirme que cet « héritage de l’esclavage (…) se répand dans l’ensemble des forces de l’ordre et du système judiciaire » américains. « Nous avons entendu des dizaines de témoignages bouleversants sur la façon dont les victimes n’obtiennent pas justice ou réparation », a déclaré l’une des expertes, Tracie Keesee, dans un communiqué.
« Il s’agit d’un problème systémique qui nécessite une réponse systémique. Tous les acteurs concernés, y compris les services de police et les syndicats de police, doivent unir leurs forces pour lutter contre l’impunité qui prévaut », a-t-elle demandé.
Trois fois plus de risque d’être tué par la police
Selon le rapport, des études ont montré que les Afro-américains ont trois fois plus de risques d’être tués par la police que la population blanche, et 4,5 fois plus de risques d’être incarcérés. « Il existe des preuves solides suggérant que le comportement abusif de certains policiers fait partie d’un schéma plus large », a observé pour sa part l’enquêteur Juan Mendez.
« Les attitudes de la police et du système de justice pénale américains reflètent les attitudes de la société américaine », a-t-il estimé, soulignant le « besoin pressant d’une réforme globale ». A cet égard, le rapport émet 30 recommandations à l’intention de l’administration américaine et des 18.000 services de police des Etats-Unis. Le groupe d’experts demande notamment que les policiers armés ne soient plus les premiers à être automatiquement envoyés sur place lorsqu’il s’agit de situations de crise, en lien notamment avec des questions de santé mentale, les sans-abri, la circulation et l’école.