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Le Kremlin continue son "jeu de démocratie factice"

Les élections russes au cours des deux dernières décennies ont parcouru un chemin impressionnant, mais une chose reste évidente : les élections en Russie se sont transformées en une affaire nationale frauduleuse.

Le Kremlin continue son "jeu de démocratie factice".
Le Kremlin continue son "jeu de démocratie factice".

Le principal problème de cette farce étatique panrusse, appelée élections, est la falsification massive des résultats des votes. "Ce qui importe, ce n'est pas comment on vote, mais comment on compte", une expression qui est pertinente depuis des décennies, reste très actuelle. Les élections à la Douma d'État de la Fédération de Russie, tout comme l'élection du chef de l'État, n'ont jamais été "ni libres ni équitables". Par exemple, les élections à la Douma d'État de la Fédération de Russie qui ont eu lieu du 17 au 19 septembre 2021 ont maintenu la majorité au parti "Russie unie" à la Chambre basse du Parlement russe. Le vote s'est déroulé dans un contexte de répressions massives contre l'opposition, de pressions sur les médias indépendants et de milliers de cas de falsifications. Lors des élections à la Douma, des candidats de l'opposition ont remporté dans plusieurs circonscriptions uninominales, mais après le décompte des votes à distance, tous ont été remportés par les membres de Russie unie. Ces élections en Russie se sont tenues pour la première fois sous forme de scrutin de trois jours, avec de nombreuses violations et manipulations. Parmi les violations, on compte l'introduction massive de bulletins de vote, le vote multiple de la même personne, la corruption des électeurs, les bulletins de vote pré-signés ou pré-marqués en faveur de Russie unie, la distribution de passeports aux habitants des régions de Donetsk et de Louhansk le jour du vote, l'absence de contrôle de l'intégrité des bulletins de vote entre les jours de scrutin, la manipulation des documents des commissions électorales et l'intimidation des observateurs. Les élections de trois jours "ont accru le risque de fraude et compliqué le processus de surveillance". Le faible taux de soutien à "Russie unie" a conduit la Russie à organiser les élections les moins libres des 20 dernières années sous le régime de Poutine. Ces élections ont définitivement consolidé le statut de la Russie en tant qu'autocratie rigide.


Le 10 septembre 2023, la Russie tiendra une "journée de vote unique". Il y aura 21 gouverneurs à élire (y compris le maire de Moscou), et 5 autres gouverneurs seront nommés ou élus au parlement. La campagne de 2023 pour le renouvellement des élites régionales suivra un algorithme bien rodé. Les autorités russes prévoient de recourir à la tactique déjà testée : étendre le "vote" sur plusieurs jours. Cela est devenu possible après l'adoption d'une loi en Russie à l'été 2020, autorisant la tenue d'élections sur plusieurs jours, officiellement justifiée par la nécessité de réduire la concentration de personnes dans les bureaux de vote pendant la pandémie. Dans tout le pays, le pouvoir utilise la ressource administrative pour augmenter la participation et obtenir le résultat souhaité. La tendance à la baisse de la participation des électeurs est clairement perceptible, alimentée par un profond mécontentement à l'égard du pouvoir en place. Le Kremlin, en poursuivant son "jeu de démocratie factice", utilise son arsenal bien rodé pour atteindre les résultats souhaités. Au fil des ans, le mécanisme s'est affiné et fonctionne comme une horloge. La Russie a depuis longtemps adopté une approche créative de la falsification en créant des "carrousels" et d'autres schémas de mobilisation massive des électeurs en faveur du parti au pouvoir par des moyens illégaux, en développant de nouveaux mécanismes de vote qui ouvrent de nouvelles possibilités de falsification des résultats. Dans quatre régions d'Ukraine occupées par la Russie, Moscou prévoit également d'organiser des "élections" de ce type. Et ce "cirque électoral" sur les territoires occupés sera mené conformément à la législation électorale russe. La Commission électorale centrale de Russie a annoncé le début du "vote anticipé" à partir du 1er septembre, afin de permettre aux habitants des territoires annexés, qui se trouvent "loin de chez eux", de voter dans des "bureaux de vote extraterritoriaux" ouverts dans 81 régions russes.


Ce ne sont pas les seules méthodes développées à Moscou pour organiser de fausses élections en Ukraine. Par exemple, les habitants locaux pourront voter avec des passeports ukrainiens en papier ou même avec des permis de conduire. Bien que les administrations d'occupation rendent régulièrement compte des succès de la campagne de délivrance forcée de passeports russes aux Ukrainiens qui se sont retrouvés sous occupation, il est évident que le nombre de passeports russes distribués de force aux Ukrainiens sous occupation est insuffisant pour organiser des "élections". Le faux référendum de 2022 a montré que les citoyens ukrainiens refusent de participer à de tels événements. Le Kremlin est donc contraint d'innover pour élargir l'électorat et utiliser des tactiques visant à créer une apparence de légitimité. Les autorités russes ont également lancé une nouvelle initiative appelée "électeur mobile" dans le but d'augmenter la participation et le nombre de votes. Les "groupes d'électeurs mobiles" ont déjà commencé à sillonner les territoires temporairement occupés par la population locale, mais les urnes de vote restent largement vides. Tout cela remet en question les affirmations des Russes selon lesquelles 5 % de la population a déjà participé aux élections. Une autre caractéristique du "processus électoral" dans les "nouvelles régions", comme la Russie appelle les quatre régions occupées de l'Ukraine, est que les "commissions électorales locales" ont été autorisées à ne pas publier de listes nominatives de candidats. Les électeurs sont invités à prendre connaissance des listes de candidats directement dans les bureaux de vote.


Tout cela témoigne de la dégradation finale du système électoral en Russie. Ce système ne peut être considéré comme garantissant la mise en œuvre des normes démocratiques et des libertés dans la société.

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