top of page

Les bons résultats démocrates et l’avortement peuvent-ils porter Joe Biden ?

Plombé par de mauvais sondages, le président américain retrouve le sourire après les performances de son parti, mardi, un an avant son probable match retour contre Donald Trump

Les bons résultats démocrates et l’avortement peuvent-ils porter Joe Biden ?
Les bons résultats démocrates et l’avortement peuvent-ils porter Joe Biden ?

Les rumeurs concernant la mort politique de Joe Biden sont-elles très exagérées ? La question, empruntée à Mark Twain, se pose mercredi, au lendemain des bons résultats démocrates dans une série d’élections locales, à un an de la présidentielle de 2024 et d’un probable match retour face à Donald Trump.


Le président américain semble sortir requinqué après la victoire du oui dans l’Ohio pour protéger le droit à l’avortement, le succès du gouverneur Andy Beshear dans l’Etat conservateur du Kentucky et le doublé Chambre-Sénat des démocrates en Virginie. Mais si la mobilisation des électeurs démocrates autour de la défense de l’IVG depuis 18 mois est de bon augure pour le locataire de la Maison Blanche, les résultats de mardi ne contredisent pas forcément les mauvais sondages qui s’accumulent pour Joe Biden. Surtout face à Donald Trump qui conserve une capacité de galvaniser lors des présidentielles les électeurs désabusés.


La défense de l’avortement, force motrice pour les démocrates


Quand la Cour suprême est revenue, en juin 2022, sur l’arrêt Roe v. Wade, qui avait légalisé l’IVG au niveau fédéral il y a 50 ans, de nombreux élus républicains, comme le nouveau Speaker de la Chambre Mike Johnson, ont salué un jour « historique ». Dans la foulée, les Etats conservateurs ont dégainé des lois pour interdire ou strictement limiter l’avortement. Problème : l’opinion américaine est largement favorable à l’IVG, qui devrait être légale dans « n’importe quelles circonstances » pour 51 % des personnes interrogées, et « dans certaines circonstances » pour 34 %. Seulement un Américain sur sept y est totalement opposé, selon le baromètre Gallup.


Côté démocrate, la résistance s’est organisée dans les tribunaux et dans l’isoloir. Sur les six référendums organisés depuis pour protéger l’avortement ou le foetus, les pro-IVG ont réalisé un carton plein, y compris dans des Etats conservateurs comme le Kansas, le Kentucky, le Montana ou mardi dans l’Ohio.


Donald Trump flou sur l'IVG


En Virginie, le gouverneur Glenn Youngkin misait sur un compromis en défendant une loi autorisant l’avortement jusqu’à 15 semaines. La sanction est tombée : alors qu’il rêvait d’obtenir les pleins pouvoirs, les démocrates ont conservé le Sénat local et reconquis la Chambre, torpillant ses rêves de se lancer dans la primaire à l’ultime seconde pour défier Trump.


« Les résultats d’hier montrent comment les démocrates peuvent faire campagne sur ce thème et comment les républicains ont été marqués au niveau national » par la décision de la Cour suprême, avance pour 20 Minutes l’ancien porte-parole du Comité national républicain (RNC) Doug Heye.


La stratégie, qui vise à mettre tous les républicains pro-avortement dans le même panier extrémiste, a fonctionné lors des midterms, mardi soir, et reste la meilleure arme pour Joe Biden l’an prochain. Après avoir été l’artisan principal de ce tremblement de terre sociétal en nommant des juges ultraconservateurs à la Cour suprême, Donald Trump entretient le flou sur ses positions. Il a critiqué Ron DeSantis pour avoir signé une loi « trop dure » limitant l’IVG à six semaines, sur laquelle se penche actuellement la Cour suprême de Floride. Mi-septembre, l’ancien président a promis sur NBC qu’il négocierait avec les deux camps « un nombre de semaines qui rendra tout le monde heureux ».


Des fondamentaux compliqués pour Joe Biden


Pour Joe Biden, cette éclaircie arrive après un sondage catastrophique du New York Times ce week-end. Son problème n’est pas tant qu’il compte 4 points de retard sur Donald Trump au niveau national. Si l’alarme sonne côté démocrate, c’est parce que Joe Biden est donné perdant dans cinq des six Etats décisifs qu’il avait remportés en 2020 : Pennsylvanie (-4), Michigan (-5), Arizona (-5), Géorgie (-6) et Nevada (-10). Avec une telle carte, Biden perdrait le collège électoral par 237 voix contre 301 à Donald Trump.


Avec une cote de popularité qui flirte avec les 40 %, trois Américains sur quatre qui le jugent trop vieux pour être président et presque autant de mécontents de son bilan économique – avec une inflation qui pénalise particulièrement les classes populaires – Joe Biden est-il encore le meilleur candidat démocrate pour la présidentielle ? David Axelrod, l’ex-stratège en chef de la campagne de Barack Obama, s’est publiquement posé la question. Tout en reconnaissant qu’il était « tard pour changer de cheval ».


Nate Cohn, l’expert statistique du New York Times, ne voit « pas de contradiction » entre les bons résultats démocrates de mardi et les mauvais sondages de Biden. L’idée, c’est que les démocrates ont réalisé de bonnes performances malgré Biden, et pas grâce à lui. Dans le Kentucky, Andy Beshear a fait campagne en défendant les valeurs progressistes sur l’avortement mais en prenant ses distances avec son président, préférant mettre en avant son bilan économique personnel.


Doug Heye relativise également la défaite républicaine en Virginie, un Etat que Biden avait remporté par 10 points en 2020. Mardi, cela s’est joué à un point, avec de nombreuses victoires républicaines dans des districts traditionnellement démocrates.


L’autre facteur, c’est que depuis 2016, les républicains ont un problème de participation lors des élections où Donald Trump n’est pas candidat, comme les midterms. Dans l’Ohio, par exemple, 5.8 millions de personnes ont voté lors du duel Trump-Biden en 2020, contre 3,8 millions lors du référendum de mardi. Ces deux millions de personnes qui ne se sont pas déplacées pour défendre l’avortement voteront sans doute davantage pour Donald Trump que pour Joe Biden en 2024.


Pas si vite, défend le consultant démocrate Mike Lux. « Quand vous avez une bonne soirée électorale, c’est un bon signe pour l’élection suivante. Trump attirera davantage de républicains l’an prochain, c’est vrai, mais cela renforcera également la participation de nos électeurs. » Cet ancien de la campagne de Bill Clinton rappelle un fait incontestable : « La dernière fois que Donald Trump a été candidat, les démocrates ont réalisé le triplé Chambre, Sénat et Maison Blanche. »


Source: franceinfo

bottom of page