
Le mari de Karine Esquivillon a finalement avoué qu'il l'avait tuée. Comme lui, il arrive que des auteurs d'actes criminels se répandent dans les médias avant d'être identifiés par la police, par narcissisme ou parce qu'ils se retrouvent prisonniers de leur propre scénario.
"Quand on a tué quelqu'un, on bascule dans un monde mental totalement différent", explique vendredi à l'AFP Roland Coutanceau, criminologue et psychiatre.
Une fois un crime commis, "à partir du moment où vous ne choisissez pas la manière la plus +morale+ (à savoir, l'aveu), il reste deux possibilités": la fuite ou l'élaboration d'un scénario ("elle est allée faire du jogging", "elle a envoyé des SMS"...), ajoute-t-il.
Dans le cas du "scénario", une fois "le premier acte" posé, la personne se retrouve prisonnière de l'histoire inventée et la "complète au fur et à mesure", déroule le psychiatre.
Mais cette construction n'est pas à la portée de tous les psychismes. "La plupart des criminels sont affectés par leur acte et attendent dans une relative passivité", selon le Dr Coutanceau. "Etre capable comme si de rien n'était de participer à la construction d'un scénario alternatif est plus difficile pour le psychisme", et il faut pour cela "un peu d'égocentrisme". Ensuite, le sujet devient "pris au piège" de son propre mensonge.
Michel Pialle avait indiqué aux gendarmes que son épouse, Karine Esquivillon, lui avait envoyé un SMS pour lui annoncer qu'elle quittait le foyer, lorsqu'elle disparait fin mars. Quelques semaines plus tard, il déclare aux caméras de TF1: "C'est un enfer d'attendre et de ne pas savoir. C'est un enfer (...). Tout ce qu'on veut, c'est avoir des nouvelles de Karine pour nous libérer émotionnellement et rassurer tout le monde. Juste ça, ça suffira".
La chronique judiciaire conserve quelques exemples célèbres de criminels intervenus dans les médias au cours d'une enquête, au terme de laquelle ils seront arrêtés et condamnés.
"Perte des limites intimes"
Patrick Henry, en 1976, espérait devant les caméras de télévision un "heureux dénouement" à la disparition du jeune Philippe Bertrand et souhaite la peine de mort pour les ravisseurs d'enfant. Il avouera finalement le rapt et le meurtre du garçonnet qui lui vaudront une condamnation à la réclusion à perpétuité.