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Starlink, une menace pour la cybersouveraineté de l’Indonésie ?

Depuis 2022, les satellites Starlink de SpaceX collaborent avec Telkomsat, la société indonésienne de télécommunications, pour connecter les zones isolées de l’archipel. Mais l’entreprise d’Elon Musk pourrait bientôt pénétrer directement sur le marché indonésien, sans passer par un intermédiaire. Pour la presse locale, Jakarta prend le risque de perdre sa cybersouveraineté.


Starlink, une menace pour la cybersouveraineté de l’Indonésie ?
Starlink, une menace pour la cybersouveraineté de l’Indonésie ?

Bien que l’Indonésie possède déjà plusieurs satellites de télécommunications, le plus grand archipel du monde connaît toujours une fracture numérique importante due à l’éparpillement de ses quelque 17 000 îles. En 2022, le ministère des Communications et de l’Information indonésien a donc accordé des droits d’ancrage à SpaceX, la société du milliardaire Elon Musk, propriétaire des satellites Starlink, qui collabore avec PT Telkom Satelit Indonesia (Telkomsat).


Starlink propose en effet un accès Internet à bas prix dans des zones isolées, où sa présence est accueillie “comme une pluie pendant la saison sèche”, note Kompas.


Mais l’inquiétude grandit depuis qu’en août 2023 Elon Musk a demandé à Jakarta que Starlink puisse accéder directement aux consommateurs sans passer par des partenaires locaux, avec la promesse de services très bon marché.


Le magazine Tempo met en garde contre ce monopole qui pourrait couler les fournisseurs d’Internet locaux. Mais l’hebdomadaire semble aussi s’inquiéter de cette facilitation de l’accès à Internet qui, selon lui, posera des problèmes de sécurité dans le pays. “Certains habitants d’une zone donnée pourront […] accéder très librement à Internet sans être contrôlés par le gouvernement.”

“Il ne s’agit pas de démocratie, de droits de l’homme ou d’égalité d’accès aux données, mais plutôt de gestion des risques de sécurité d’un pays qui, s’ils ne sont pas gérés correctement, deviendront un problème sérieux à l’avenir.”

Kompas exprime la même inquiétude en soulignant que, sans contrôle de l’État, des mouvements terroristes ou séparatistes radicaux pourront s’organiser en ligne. Le journal évoque la possibilité d’un renforcement des indépendantistes de Papouasie ou encore celle d’un espionnage organisé par les États-Unis.


Toutefois, face à cette menace, le quotidien garde un certain humour, titrant son éditorial “Starlink ne doit pas devenir Starling”, un starling étant un vendeur de café ambulant servant directement les passants à moindre coût. Plus sérieusement, Tempo estime que l’octroi de ces droits exclusifs relève d’une entreprise de séduction de Jakarta “pour qu’Elon Musk accepte […] de construire une usine de voitures électriques Tesla en Indonésie”. Mais “le prix à payer sera l’effondrement de la souveraineté de l’État dans la régulation du système de télécommunications et la destruction de l’industrie nationale”.


Source: Courrier international

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