Alors qu'une décision de justice est attendue d'ici une dizaine de jours sur l'éventuel démantèlement du campement, la ville de Strasbourg a adressé une facture à l'État pour l'inciter à prendre ses responsabilités en matière d'hébergement d'urgence.

"La situation est dramatique." Depuis un mois et demi, une quarantaine de tentes abritant des familles de réfugiés sont installées à Strasbourg, face au palais universitaire. Des familles venues de Syrie, d'Afghanistan ou de Géorgie, et qui se retrouvent à la rue en raison du manque de place en hébergement d'urgence.
"Il y a énormément de familles, des personnes âgées, des personnes avec des pathologies graves", alerte Sabine Carriou, de l'association Les Petites roues, au micro de BFM Alsace. "On se retrouve avec une quarantaine de tentes, avec des enfants scolarisés qui sont là dans des conditions assez extrêmes, avec le froid, l'humidité, etc."
L'association dénonce un manque de "solutions"
Une audience est prévue le 20 octobre prochain au tribunal administratif de Strasbourg pour statuer sur l'éventuelle expulsion du campement de fortune. Si le tribunal ordonne le démantèlement du campement, des solutions d'hébergement seront éventuellement proposées aux familles.
Mais l'association dénonce l'absence de prise en charge en amont de la décision du tribunal.
"On ne comprend pas pourquoi on doit en arriver là pour que des solutions soient proposées. C'est-à-dire qu'après le démantèlement, il y aura peut-être des solutions proposées, mais pourquoi en arriver là? La rue, c'est traumatisant", poursuit Sabine Carriou.
Strasbourg dépose un recours contre l'État
De son côté, la municipalité de Strasbourg interpelle l'État sur la question de l'hébergement d'urgence. La ville a ainsi adressé à la préfecture du Bas-Rhin une facture de 900.000 euros, qu'elle estime être le montant dépensé par la municipalité pour la prise en charge de l'hébergement d'urgence, "au-delà de (son) cœur d'action municipale".
"L'objectif, c'est de pouvoir dézoomer des situations locales, et de montrer que, globalement, en France, la situation sociale se détériore, avec une hausse très conséquente, une explosion du nombre de personnes à la rue", explique Jeanne Barseghian, la maire de Strasbourg.
"Il y a beaucoup de personnes vulnérables. Le nombre d'enfants a énormément augmenté: c'est +20% d'enfants à la rue depuis l'année dernière, ce qui représente à peu près 2000 enfants dehors."
À l'occasion de la Journée internationale de la lutte contre le sans-abrisme ce mardi 10 octobre, six grandes villes françaises, dont Strasbourg, ont annoncé déposer des recours "pour que l'État remplisse ces fonctions en matière d'hébergement d'urgence".
"Malgré nos alertes répétées, de plus en plus de personnes, femmes, hommes et enfants, sont à la rue dans notre pays", déclare Jeanne Barseghian dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux par les maires de ces villes. "C'est pourquoi, en dernier recours, nous saisissons la justice, pour que l'État organise efficacement l'hébergement d'urgence, dans le respect des droits humains."
Fin 2022, la ville de Strasbourg avait déjà annoncé son intention de poursuivre l'État pour sa "défaillance" en termes d'hébergement d'urgence, et avait lancé un appel un niveau national pour que d'autres élus et associations se joignent à cette action.
Source: BFM